Otoneuro Monaco : un centre de santé haut de gamme pour l’audition et l’équilibre - L'Observateur de Monaco (2025)

Après avoir dirigé le service ORL du Centre hospitalier Princesse Grace (CHPG) pendant trente ans, le docteur Pierre Lavagna a ouvert le 8 janvier 2024 un centre privé de santé (et de recherche) en otoneurologie. Une spécialité mal-aimée dédiée aux troubles de l’audition et de l’équilibre (surdité, acouphènes, hyperacousie (1), vertiges), qui laisse de nombreux patients en errance thérapeutique. Situé à Fontvieille et baptisé Otoneuro Monaco, il s’agit d’un centre d’excellence qui en a aussi l’allure… et la politique tarifaire. Reportage.

C’est rue de la Lüjerneta, au deuxième étage de l’Athos Palace, que le cabinet flambant neuf s’est installé. Matériaux naturels et nobles dans des tons neutres, il se veut chaleureux, loin du traditionnel carrelage blanc et de l’ambiance froide et aseptisée de la plupart des établissements de santé. Moins de trois semaines après son inauguration, il avait déjà accueilli une centaine de patients, dont certains venus de loin. Et pour cause, les problèmes d’audition et d’équilibre touchent énormément de personnes, mais l’offre médicale en otoneurologie est rare et les traitements méconnus.

Des solutions pour soulager les acouphènes

Exemple le plus parlant : les acouphènes, ces bourdonnements “parasites”, sons entièrement fabriqués par les aires auditives du cerveau, que seuls les sujets atteints entendent et qui peuvent provoquer des troubles du sommeil et une forte irritabilité, entre autres. Ils concerneraient 15 % de la population à un moment ou à un autre de la vie, et c’est la principale patientèle du cabinet. Mais comme il n’y a pas d’opération et que l’on parle peu des thérapies envisageables, les médecins ne savent pas quoi proposer et les patients repartent souvent avec des conseils du type « il vous faut du repos » ou « il va falloir apprendre à vivre avec ». Pourtant, le docteur Lavagna l’assure, il y a énormément de possibilités pour soulager les acouphènes : correction de la perte auditive aux moyens d’appareillages auditifs, possibilité d’y adjoindre des thérapies sonores (bruits blancs qui vont stimuler l’oreille interne et le cerveau pour masquer l’acouphène et en diminuer l’impact), techniques de sophrologies, de psychothérapie cognitives et comportementales, d’EMDR (psychothérapie par mouvement oculaires qui cible les mémoires traumatiques des individus), hypnose… Et puis il y a une thérapie innovante, le Lenire, qu’Otoneuro est le premier à proposer en France. Il s’agit d’un appareil qui distrait le cerveau en lui envoyant des stimulations auditives et des impulsions électriques douces au niveau de la langue. Il permet de détourner l’attention du patient de l’acouphène. Il est acheté, paramétré au centre après mesure des performances auditives et appartient ensuite au patient qui doit l’utiliser deux fois 30 minutes par jour pendant 12 à 24 semaines, et au-delà s’il en tire toujours des bienfaits. 80 % de ceux l’ayant testé se disent satisfaits.

Du matériel de niveau universitaire

Le centre dispose de matériel dernier cri permettant de réaliser tous les tests existants en matière d’audition et d’équilibre, de la naissance aux personnes âgées, y compris des tests électrophysiologiques dits “objectifs”. L’une des salles du cabinet renferme une machine qui semble venue du futur : une plateforme de stabilométrie. Connectée à un casque de réalité virtuelle, elle permet de tester l’équilibre du patient dans toutes les situations possibles et imaginables de la vie quotidienne, simulant la descente d’un escalier, la foule qui défile, une voiture qui prend un virage, un tapis roulant, une piste de ski dans le brouillard, etc. Une fois les tests effectués et les troubles de l’équilibre identifiés, l’appareil a l’avantage d’intégrer les protocoles de rééducation nécessaires au traitement des problèmes d’équilibre identifiés.

Autre salle, autre machine de dernière génération : un siège mécanisé baptisé TRV (pour Thomas Richard Vitton, son inventeur) qui permet de traiter les vertiges paroxystiques positionnels bénins. Plus connus sous le nom de “cristaux”, ils sont l’origine la plus fréquente des vertiges positionnels (vertiges brefs déclenchés par les changements de position). Il n’existe qu’une quarantaine de TRV en France et à peine une centaine dans le monde. Valeur de l’appareil : 80 000 euros.

Une seconde vie dans le privé pour le docteur Lavagna

Bref, le plateau technique est de très haut niveau, tout comme le dirigeant du centre, le docteur Pierre Lavagna. Figure incontestable dans le domaine de la santé à Monaco, il a été directeur du service ORL du CHPG de 1992 à 2023, président de la Commission médicale d’établissement du CHPG pendant six ans et président du Conseil de l’Ordre des médecins pendant neuf ans. A 65 ans, alors que son activité à l’hôpital se terminait, il n’a pu se résoudre à prendre sa retraite. « La passion n’a pas d’âge. Mon activité hospitalière se terminait au moment où j’estime avoir probablement atteint le sommet de mes compétences. Je trouvais ça triste d’arrêter », explique-t-il. « En parallèle, j’avais constaté qu’une offre médicale en otoneurologie faisait cruellement défaut à Monaco. On manque globalement d’ORL, et la plupart d’entre eux s’intéressent d’abord à la chirurgie, il n’y a quasiment aucun otoneurologiste, nous sommes deux dans la région », poursuit le docteur.

Il a tenu à s’entourer d’une équipe de haut niveau : une assistante médicale, deux audiologistes (spécialisées dans les tests de l’audition et de l’équilibre) disposant d’un diplôme universitaire dans le domaine et deux médecins, le docteur Hélène Baranton et le professeur Thomas Lenarz, l’un des leaders mondiaux de la recherche dans les troubles de l’audition, et l’un des chirurgiens qui a posé le plus d’implants cochléaires (2) au monde. Si l’on parle beaucoup de la pénurie des professionnels de santé, on pourrait s’imaginer que les recrutements ont été difficiles dans un domaine aussi spécialisé… Cela n’a pas été le cas. « Nous n’avons eu aucun mal à trouver. Travailler dans un cadre idyllique, avec des machines dernier cri et la possibilité de faire de la recherche… L’offre est très attractive. Je pense que nous n’aurons jamais de mal à recruter. J’ai déjà des contacts avec d’autres spécialistes de très haut niveaux intéressés pour venir travailler avec nous », affirme le docteur Lavagna.

L’innovation a un coût

Évidemment, l’excellence a un coût qui n’est pas accessible à tous. « Toutes les consultations durent une heure. Nous avons pris le parti de faire des bilans complets qui comprennent les examens traditionnels remboursés depuis longtemps, mais aussi les tests innovants qui ne le sont pas, mais que nous appliquons à tous nos patients sans exception. C’est un choix délibéré même si c’est un facteur limitant qui fait que certaines personnes ne pourront malheureusement pas y accéder. Nous ne voulons pas limiter la qualité de notre offre de soin pour des considérations financières », explique le directeur de l’établissement. « Le jour où ces examens pour l’heure très innovants seront davantage utilisés, ils seront peut-être pris en charge, ce n’est pas dans nos mains mais dans celles des caisses primaires d’assurance maladie », poursuit-il. Illustration parfaite du décalage entre la recherche et sa démocratisation, entre l’innovation et son accessibilité à tous. Quant au traitement Lenire mentionné plus haut, il faut compter 3 000 euros pour la consultation initiale, l’appareil et les trois visites de mise en place et de surveillance.

Activité clinique, et de recherche

En parallèle de l’activité clinique, Otoneuro Monaco va prochainement abriter l’Institut monégasque de recherche en otoneurologie. Le centre a mis en place un système informatique qui recueille les données médicales de ses patients. « Cela a suscité l’intérêt des chercheurs de l’INSERM de Montpellier et du CNRS de Marseille, qui manquent de données recueillies de façon optimale dans ces domaines. Ils vont devenir nos partenaires dans le cadre d’études multicentriques », affirme le docteur. L’institut sera hébergé au centre où un bureau y sera dédié.

Le cabinet est aussi voué à accueillir les étudiants stagiaires en master 2 d’audiologie de l’Université de Montpellier qui pourront également prendre part à ces recherches. « Le fait de participer à des études scientifiques nous permet d’être toujours à la pointe des connaissances en matière de diagnostic et de traitement et d’en faire bénéficier nos patients », se targue Pierre Lavagna, qui précise que ces derniers signeront de façon systématique un papier demandant leur consentement pour le recueil et l’utilisation anonymisée de leurs données à des fins de recherche. Ils sont libres d’accepter ou non.

(1) Perception anormalement douloureuse de sons qui normalement ne devraient pas nous gêner.

(2) Appareil électronique miniaturisé qui permet aux personnes atteintes de surdité grave d’avoir un meilleur accès aux sons.

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